biographie


Marc Aymon, humains

« humains » suit un cours, celui d’un apaisement, d’un retour à la vie. C’est une suite d’histoires nourries par la vie qui tangue. En mixant ça et là des paroles, on dira naïvement que c’est l’oiseau blessé, qu’une nouvelle rencontre va doucement guérir. Dans l’aventure, il deviendra un autre pour mieux se retrouver, en apprenant à ouvrir sa main et accueillir l’être aimé.

C’est une lecture, il y en a d’autres. A chacun de se composer son propre parcours au fil des 12 chansons de l’album.

Véritable parcours musical, « humains » a été enregistré au Château Fallot, une demeure néogothique au-dessus de Lausanne. Marc Aymon y fait le pari sur l’écriture à quatre mains avec Jérémie Kisling, ainsi que sur une instrumentation insolite (des cordes, une clarinette, une mandole et même la viole d’amour de Jasser Haj Youssef). Il y recoure même à une utilisation rare mais subtile de l’Auto-Tune, à l’image de Lambchop sur un des ses chefs d’oeuvre «Flotus».

Ainsi, « humains » s’avère clairement l’album le plus ambitieux du chanteur, il réservera des surprises à ceux qui le suivent et séduira sans doute un nouveau public. Elégante dans son travail musical et finement écrite, cette oeuvre s’enracine dans la chanson française classique tout en explorant de nouveaux territoires.

Ce qui frappe dès la première écoute, c’est la variété des climats, des styles, des habillages sonores. « humains » propose des morceaux aux mélodies limpides et évidentes. Ainsi du premier single « L’oiseau », qui ouvre l’album, « une chanson de consolation » basée sur un dialogue piano-guitares. Dans un même registre plus minimaliste encore, « Quelqu’un t’attend quelque part », fragile ballade, évoque l’échange au-delà du deuil. Dans « Au grand jour », le chanteur valaisan partage le chant avec Jérémie Kisling, le temps d’une chanson solaire et fédératrice, à l’immédiateté contagieuse.

Marc Aymon, fervent des harmonies boisées, prend un virage sur « Dedans », composition richement orchestrée où la voix du chanteur passe en partie par le filtre de l’Auto-Tune. « C’est un peu un hasard. On avait enregistré une prise ou je chantais un peu faux. Frédéric Jaillard, réalisateur de l’album, a utilisé ce logiciel et le résultat m’a tout de suite plu parce que paradoxalement l’Auto-Tune apporte de l’émotion. »

Parmi les nombreux moments marquants de l’album, il y a l’interprétation très lyrique du poème de Louis Aragon « Il n’aurait fallu », un texte que Marc Aymon dépoussière et enflamme et dont les mots font écho à la quête de lumière du chanteur. Là encore, le travail d’orchestration et le mixage de Yann Arnaud est remarquable, l’équilibre entre guitares et programmation électronique séduit, tout en montée paroxystique.

Tout aussi poétique, « Nos amours souterraines » est inspiré par un récit beau et tragique, celui de l’amour interdit de deux amants sous l’Italie fasciste. Leur lettre d’amour finira dans un tube de métal scellé enterré, exhumé récemment lors de fouilles sur la Via Appia, à Rome. Marc Aymon et Jérémie Kisling en font une chanson bouleversante, universelle sur les amours impossibles.

« humains » est le titre de l’album, mais aussi celui de la chanson qui le clôt. Une ballade discrète, chantée au départ en solo, qui au fil des mots prend de l’ampleur et qu’habitent un choeur et tout un orchestre de mandole, guitare et clarinette. Une chanson à l’image de cette aventure humaine où l’enfance et le temps présent s’interpénètrent, se réconcilient.

MICHEL MASSEREY

« Je croisais Jérémie depuis des années et nous nous promettions à chaque fois de nous retrouver pour écrire ensemble. Mais le ours un peu sauvage ne s’éloignait jamais trop de sa tanière. Un été pourtant, je l’ai invité quelques jours en montagne pour commencer à écrire des chansons, c’était le début d’une belle amitié et de deux années et demies de création.

Puis j’ai vu sur Instagram une photo du Château Fallot avec ses pianos, le grand escalier et Grimo, le chien blanc de la maison. Quelques mois plus tard nous déposions nos guitares dans la grande salle de musique, face au Léman. Mon précieux Fred est venu nous enregistrer et il a joué de tous les instruments avec le talent qu’on lui connaît. Nous ne savions pas où nous allions, mais nous y allions.

Le tirage argentique de ces deux enfants photographiés par Ata Kandò en 1954, dans les Alpes suisses, est arrivé d’Amsterdam pour le premier jour des enregistrements. Leur bonheur simple me bouleverse. Nous l’avons accroché au mur du château et elle est devenue la pochette de cet album. Il faut s’entourer de ce qui nous élève et de ceux à qui nous souhaitons ressembler ».

MARC AYMON

« Il y a des moments de vie où l’on se persuade que plus personne ne nous attend nulle part. Il y a surtout, dans ces moments-là, un ami qui vient vous prendre la main et vous invite à regarder devant vous. À nouveau.

Cet album, c’est l’histoire de tous ces « si seulement », de tous ces « presque » qu’on a décidé de balayer, pour s’inventer des histoires, comme des enfants devant un petit feu de bois. En essayant de chasser l’ombre des flammes sur les murs, on fait naître parfois de jolies danses, ou des mélodies pour habiller la nuit ».

JEREMIE KISLING